Info-mission haïti (avril 2015) |
VISITE EN HAÏTI – NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014
En novembre 2014, j’ai eu le plaisir de retourner pour quatre semaines en Haïti. Je n’étais pas allé depuis un an, et ce séjour marquait mon cinquième voyage dans le pays. Le temps passé en 2013 avait été très encourageant et avait donné de nombreux signes que la Parole touchait les cœurs et les vies. La vie à Port-au-Prince n’est pas facile dans le meilleur des cas. Il y a beaucoup de chaos et la violence est une chose quotidienne. Le garde de la pension où je résidais tenait son fusil en joue chaque fois qu’il ouvrait le portail. Même si certains étalent une richesse démesurée et indécente, la plupart des gens doivent se battre pour survivre. Les autorités sont trop occupées avec la préparation des prochaines élections pour s’inquiéter des vrais besoins du pays. La mémoire du séisme de 2010 passe vite (les gens sont si occupés à vivre), mais les effets restent comme une grande cicatrice en travers de la ville. Il y a beaucoup de constructions en cours mais, malheureusement, les gens ne semblent pas avoir appris la leçon et font tout comme avant. Cette année, je suis allé jusqu’à la pointe nord-ouest du pays, avant de m’arrêter à Gonaïves au retour. Toute la visite cette année a été très encourageante et j’ai eu beaucoup à faire. Il s’agissait plus cette fois-ci de consolider ce qui avait été fait avant. En préparation du voyage vers le nord, mon ami Moïse a spontanément fait le déplacement quelques semaines auparavant pour comprendre la situation, car il n’était encore jamais allé dans cette province. Comme il travaille pour les forces des Nations Unies dans le pays, il a pu aller à Port de Paix en hélicoptère. Mais il a décidé de revenir par le car pour s’assurer que je pourrais supporter le voyage ! Et, bien qu’il m’ait averti, je n’étais pas prêt pour la réalité ! Durant cette courte visite initiale, Moïse avait établi plusieurs contacts utiles. Retard Tout a été chamboulé dès le départ, car mon vol vers Haïti a été repoussé d’un jour sans que j’en sois averti à temps. Cela m’a donné du temps pour rencontrer plusieurs amis en région parisienne. Ce fut aussi une bénédiction pour moi puisque j’ai pu voir mon cher frère Félicien, du Congo, pour la dernière fois (il vient de perdre son combat contre le cancer il y a quelques jours). Mais ce retard dans mon arrivée en Haïti nous a obligés de changer les projets des premiers jours, car j’avais prévu de partir immédiatement vers le Nord-Ouest. Le jour où je devais voyager à l’origine marquait 16 ans jour pour jour depuis mon premier voyage seul vers l’Afrique. Beaucoup de souvenirs se bousculaient dans mon esprit, ainsi qu’une grande reconnaissance au Seigneur pour sa direction, sa protection et son don de tant de chers amis pendant toutes ces années. La province du nord-ouest Le vol vers Port-au-Prince (via la Guadeloupe) fut sans problème, et je suis arrivé à destination à l’heure prévue. Moïse, avec son grand sourire, était là pour m’accueillir. Tôt le lendemain matin, avec un de ses amis, Leslie, il est venu me chercher et nous avons pris le car pour Port de Paix. Google annonce que la distance est de 220km et prend un peu plus de 2 heures. Mais la seule route d’accès à la province a tellement été ravagée par les ouragans répétés et le manque d’entretien qu’il a fallu 9h30 pour atteindre cette ville majeure de toute une province. Notre chauffeur était une sorte de cinglé dont le nom avait dû être Shumacher dans une vie antérieure ! La compagnie de bus que nous utilisions se définit comme «la fierté d’Haïti», Mais mes compagnons de route étaient si honteux de cette «fierté» qu’ils se sont plaints une bonne partie du chemin ! Ce fut une expérience inoubliable, surtout après que je me cogne la tête au point de saigner contre le plafond du car à cause des secousses. Pour la plupart du temps, la «route» est un assemblage de cailloux et de rochers sans la moindre terre entre eux pour mitiger les chocs. À chaque virage, on espère que ce sera le dernier, mais le voyage continue ! Et, tout le temps, la pensée est là qu’il faudra revivre cela dans quelques jours au retour ! Nous sommes arrivés tard dans la soirée à Port de Paix, trop tard pour tenir la réunion prévue par les amis sur place. C’était dommage, comme nous allons le voir plus loin. On nous a immédiatement emmenés en 4x4 vers Jean Rabel, une petite ville située à 30km, que nous avons atteinte après 2 heures de piste. Je dois avouer ne plus trop me souvenir de cette partie du chemin car j’étais dans une sorte d’état second après tant d’heures de supplice. Jean Rabel est une ville de taille moyenne et le centre d’un district assez étendu. C’est une ville calme et entourée de jolies collines. La raison pour laquelle nous avions décidé d’y aller est que c’est la ville de notre premier étudiant haïtien du Cours de formation pour prédicateurs. J’avais prévu de passer le week-end avec lui à prêcher dans l’église locale. Mais il avait en fait déménagé depuis plusieurs années sans me l’avoir dit (chose courante en Haïti). Nous avons tenu des réunions dans l’église baptiste de la ville la plupart du week-end. Hélas, les responsables n’étaient pas très intéressés par l’Évangile et nous n’avons pas reçu beaucoup d’appui de leur part. Les gens sont venus aux réunions, mais cela aurait pu être beaucoup mieux si les responsables avaient vraiment saisi la vision. Une station radio locale (Radio Fraternité) diffuse les émissions Échos de la Vérité chaque semaine depuis de très nombreuses années. Georges, le responsable, m’a invité à prêcher deux fois sur les ondes. C’est un homme très enthousiaste. La station radio est située dans une partie de sa maison et nous logions sur place aussi, ce qui nous a permis d’avoir de bons moments de communion avec lui et sa famille. Prions que la Parole de Dieu diffusée sur les ondes ait touché des cœurs. Après le week-end, nous sommes retournés à Port de Paix. Le pasteur baptiste de Jean Rabel a accepté de nous y conduire puisqu’il partait dans cette direction, mais pas avant que nous payions une somme conséquente pour le carburant. Là où est ton trésor, là aussi est ton cœur ! L’accueil à Port de Paix fut beaucoup plus chaleureux, surtout suite à la visite préparatoire de Moïse. Malheureusement, nous ne disposions que d’une journée dans cette ville. On m’avait demandé d’enseigner le matin un groupe de responsables d’église, et le Seigneur s’est plu à bénir l’annonce de sa Parole. Nous avons établi de bons contacts avec les hommes présents, y compris un cher frère américain qui travaille pour l’Évangile dans la ville depuis 1975 ! Moïse a pu vendre une bonne quantité de livres. Jeanvil, un des étudiants du Cours de Formation Continue, est impliqué dans une station radio locale. Il m’a demandé de prêcher sur les ondes, ce que j’ai accepté de faire avec plaisir. Là encore, les émissions passent régulièrement chaque semaine. Dans la soirée, j’ai pu parler brièvement sur Romains 3:21ss. à des jeunes étudiants d’une école biblique locale. Là encore, l’intérêt était évident. Cette première visite permet d’envisager de bonnes occasions dans l’avenir. Plusieurs des responsables d’église de la ville ont exprimé le désir que l’Évangile leur soit prêché de nouveau dès que possible. Moïse est déjà retourné depuis avec un lot des nouveaux titres récemment arrivés en Haïti. Il semble y avoir un intérêt pour les livres qui nous permet d’envisager d’en laisser un stock en permanence en ce lieu. Gonaïves Retour dans le bus si redouté pour quatre ou cinq heures, mais cette fois avec une autre compagnie et un meilleur chauffeur. Mais la route est toujours la même. Le retour vers Gonaïves a pris moins de temps que l’aller avec notre champion ! Gonaïves est une ville de taille importante et très plaisante, située en bordure de mer et entourée de colline complètement déboisées. Cette déforestation sauvage a été à l’origine de terribles inondations il y a quelques années. Le voyage entre Port de Paix et Gonaïves passe entre des hautes collines de grande beauté. Nous avons séjourné quelques jours dans cette jolie ville, ce qui a permis de renouveler les contacts établis l’an dernier. Comme la fois précédente, les amis avaient planifié une série d’enseignements pour leur école biblique, qui semble être un point focal pour les gens de la ville. Beaucoup d’autres personnes sont donc venues. Alors qu’il souhaitait la bienvenue à l’assemblée l’an dernier, le responsable de l’école avait dit : «Ici, nous ne sommes pas intéressés vraiment par les «ismes», mais par l’annonce de Parole de Dieu centrée sur Christ.» Comme l’année dernière, on me laissa le champ libre pour simplement ouvrir la Bible et enseigner. Un grand nombre de jeunes (plusieurs centaines) étudient à cette école, et ils firent preuve de grande attention, avant de poser beaucoup de questions. L’intérêt pour l’Évangile était réel et les discussions ne s’interrompaient que parce qu’il fallait rentrer assez tôt à cause de l’insécurité. La planification de notre séjour laissait un peu à désirer, ce qui a causé quelque désagrément. En conséquence, nous avons convenu avec les responsables de l’école de garder un contact vivant pour améliorer le planning d’une prochaine visite. Le dimanche matin, on m’avait programmé pour prêcher dans une des assemblées de la place. Après cela, je suis allé prêcher sur les ondes d’une radio locale. Les techniciens nous ont demandé s’ils pouvaient diffuser régulièrement les émissions Échos de la Vérité. Nous avons bien entendu accepté volontiers et leur avons laissé les fichiers des émissions. Puisse la Parole résonner aussi régulièrement dans cette ville ! Cette station radio en particulier appartient à un gros bonnet du «message de la prospérité». Josias, notre chauffeur attitré, nous a fait remarquer la différence entre la hutte que cet homme avait dressée pour les réunions de son assemblée et le «château» personnel qu’il s’est construit. Quelques-uns au moins trouvent vraiment la prospérité ! Le plus étonnant (et révélateur du cœur humain) est que les gens acceptent de supporter de telles âneries – puisse la Parole ouvrir les yeux des aveugles ! Port-au-Prince Après les quelques jours passés à Gonaïves, nous avons repris la route pour Port-au-Prince, la capitale. Le programme de réunions dans les églises et les instituts de toute sorte était chargé. Les responsables sont très friands d’organiser des réunions, mais les gens sont trop occupés dans une si grande ville, et l’assistance se ressent souvent de cela. Mais l’Évangile a été annoncé et ceux qui devaient entendre ont entendu. Pour la première fois en Haïti, on m’a interdit l’accès à la chaire dans un lieu où j’avais déjà prêché plusieurs fois. C’est triste, mais cela montre que l’Évangile de la grâce n’est pas toujours bienvenu. L’ancien pasteur de cette église avait été assassiné l’an dernier, la veille du jour où il m’avait invité à prêché. C’était un temps très éprouvant au niveau émotionnel pour la plupart des membres, et le Seigneur m’avait donné de prêcher sur les paroles de Pierre : «À qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle !» Mais n’oublions jamais que «les paroles de la vie éternelle» pour les uns sont «des paroles dures» pour les autres (cf. Jean 6). Le successeur du pasteur assassiné n’avait pas tant d’intérêt dans l’Évangile bien qu’il m’ait entendu prêcher plusieurs fois dans le passé. Je devais prendre la parole au mariage d’un couple d’amis, ainsi qu’au culte du dimanche matin, mais l’homme insista pour prêcher lui-même. Son allocution lors de la célébration nuptiale dura 30 à 40 minutes. Bien qu’utilisant de merveilleux textes bibliques (Ecclésiastes 4:12 – la corde à trois brins ne se rompt pas facilement – et Éphésiens 5), il s’est arrangé pour ne pas prononcer une seule fois le mot «Christ». Un véritable exploit quand on y réfléchit ! Cela indique le grand besoin qu’il y a d’annoncer le seul message qui sauve et d’enseigner aux hommes sur place à en faire autant. Pour ce qui concerne l’annulation de mon intervention du dimanche matin, les amis se sont arrangés pour que je puisse prêcher dans deux autres assemblées, et le Seigneur a béni la Parole lors de ces occasions. Nous avons un certain nombre d’étudiants en Haïti, et j’ai pu en rencontrer plusieurs le dimanche après-midi pour un temps d’échanges autour de la Parole. J’ai pu aussi prêcher dans certaines de leurs églises pendant la semaine. Une visite prévue chez l’un d’eux, dans la ville de Saint Marc (à mi-chemin entre Port-au-Prince et Gonaïves), fut annulée au dernier moment, ce qui m’a donné un repos bienvenu bien qu’imprévu. L’année dernière, au travers d’amis aux États-Unis, j’avais rencontré les dirigeants d’une école biblique et d’une église situées dans la plaine à l’est de Port-au-Prince. Ces gens m’ont invité un dimanche après-midi cette année pour donner un enseignement aux «fiancés», et ce fut un moment très encourageant. La plupart des gens veulent des recettes pour mener une meilleure vie, trouver le partenaire idéal ou choses semblables. La plupart des gens présents à ces réunions s’attendaient probablement à ce genre de choses, mais beaucoup ont bien réagi à l’annonce d’un message enraciné dans l’Écriture et dont Christ est le centre. J’ai aussi passé toute une matinée à enseigner les étudiants, actuels et anciens, de cette école biblique. Une fois encore, l’occasion était encourageante. Nous avons regardé quelle est l’action de l’Esprit de Dieu sur la Parole de Dieu pour accomplir l’œuvre de Dieu. Responsables et étudiants ont exprimé leur désir que je revienne dès que possible. Le ministère des livres La librairie à Port-au-Prince est toujours en opération. Les amis impliqués dans ce ministère ont déménagé le magasin dans un quartier adjacent, peut-être pas aussi pratique que l’ancien endroit, mais le lieu renferme plus de potentiel. Ils prévoient d’étendre la surface du magasin, ce qui sera certainement une bonne chose. Il y a quelques mois, nous avons procédé à un large envoi de livres dont le container venait d’arriver au port, mais les livres n’ont été dédouanés qu’après mon départ. C’est dommage car nous avons été limités dans le nombre de titres que nous pouvions présenter pendant toute la durée de mon séjour. Les ventes ont quelque peu baissé dans les derniers mois. Plusieurs des titres les plus populaires sont en rupture de stock en raison de notre incapacité à réimprimer pour le moment. Le réaménagement et agrandissement du magasin, très nécessaires, occupent aussi beaucoup l’esprit des amis sur place. Il est certain qu’une fois qu’ils ont fait connaître le nouvel emplacement aussi bien que l’ancien, l’activité pourra se développer comme prévu. J’avais vu par le passé qu’ils sont une référence pour la plupart des gens dans les églises. De son côté, Moïse, qui présente les livres dans les églises, a été très occupé par diverses choses et n’a pas pu consacrer autant de temps que souhaité aux livres. Son désir de diffuser l’Évangile est intact, mais ses occupations actuelles ne lui permettent pas autant de liberté qu’il escomptait. Il a le projet d’explorer le sud et l’ouest du pays où il n’est encore jamais allé. Il est cependant impératif que nous examinions avec attention la manière dont nous opérons en Haïti afin de répandre le message de manière plus efficace. Depuis le début de la rédaction de cette lettre, ce cher ami est allé à une convention d’églises aux Cayes, une ville majeure située au sud-ouest du pays. Il semble que les réactions aux livres aient été très positives en général. Un assistant qui se voulait un «important monsieur» regardait les livres avec un certain mépris, affirmant qu’ils étaient vides. Se vantant de toutes sortes de diplômes obtenus aux États-Unis, il regardait de haut notre «vendeur de livres» (ses paroles). Moïse se contenta de lui répondre que si ses diplômes n’étaient pas ancrés en Christ, ils n’avaient pas la moindre valeur ! Bonne réponse ! Projets de visites dans l’avenir Je prévoyais de retourner en Haïti l’automne prochain – c’est un bon moment au niveau climatique – mais il semble très peu probable que je puisse le faire. Plusieurs échéances électorales en effet sont prévues pour cette période. La sécurité, déjà très précaire en tout temps (Moïse parle de meurtres chaque jour), se dégradera certainement à mesure où les esprits s’échaufferont. Prions pour ce petit pays, si beau mais l’un des plus pauvres du monde. On y rencontre beaucoup de chaos et d’anarchie, ainsi qu’une religion sans Christ omniprésente (ces choses ne vont-elles pas d’ordinaire ensemble ?). Puisse la voix du bon Berger résonner, de manière à ce que les brebis errantes l’entendent, reçoivent la vie et le suivent, à la gloire de son nom ! Jean-Claude |